Le contexte international particulièrement pesant tend à reléguer l’élection présidentielle à un second plan. Pourtant, cette élection s’avérera déterminante pour nos droits d’enseignant·es et de PLP. Dans ce cadre, le SNUEP-FSU Normandie propose une analyse des programmes éducatifs, et plus particulièrement des projets sur la voie professionnelle.
Les perspectives ne sont pas réjouissantes tant les candidat·es des différentes droites ont des desseins destructeurs au sujet de l’Éducation nationale. Même si l’élection ne peut déjà être jouée, le risque de voir la majorité sortante reconduite n’est pas anecdotique. Une telle reconduction pourrait conduire à une casse sans précédent de notre métier et de notre statut.
Côté Macron, la ligne est claire. Dans une déclaration du 7 mars 2022, le président-candidat a exprimé son souhait de réformer la voie professionnelle publique sur le modèle de l’apprentissage. Concrètement, son souhait est de renforcer l’autonomie des établissements scolaires professionnels et la présence des entreprises privées en leur sein. Il a également explicité sa volonté de rémunérer, sur responsabilité de l’État, les élèves en formation initiale lors de leurs stages en entreprise. Macron rase gratis, avec toujours la même opiniâtreté à satisfaire, coûte que coûte, les entreprises. L’argent circule, mais toujours dans le même sens. Les élèves seraient de plus en plus en entreprises aux dépens des enseignements généraux. L’apprentissage deviendrait, de fait, le modèle unique de formation professionnelle chez les lycéen·nes avec une voie initiale se muant plus ou moins en CFA.
En outre, LREM est également favorable à un tri au sein des formations dispensées en lycée professionnel, en se basant sur les besoins affichés du monde de l’entreprise. On comprend alors mieux l’intérêt, pour lui, de faire entrer l’entreprise au sein des établissements scolaires.
Sur le statut, le camp Macron ouvre la voie à une libéralisation accrue de l’Éducation nationale. Si le programme ne tranche pas la question du recrutement, il a été évoqué la possibilité d’une suppression du recrutement par concours et, de fait, la généralisation de la contractualisation.
Chez LR, on retrouve la volonté de renforcer l’autonomie des établissements scolaires dans le général comme dans le professionnel. La présence des acteurs économiques (comprendre l’entreprise) serait renforcée au sein des CA. Pire, en LP, le CA serait présidé par ces acteurs, et les administrateurs des lycées recevraient des formations pour que l’insertion professionnelle devienne la boussole unique de la gestion des établissements. Le camp Pécresse rappelle également sa volonté de généraliser l’apprentissage et, pour conjuguer avec le renforcement de l’autonomie des établissements, transfèrerait les compétences des lycées professionnels à la région.
Jusqu’à la retraite, le statut est attaqué, Valérie Pécresse proposant la mise en place d’une réserve nationale pour l’Éducation dans laquelle des retraités pourraient être appelés pour pallier des absences. Nous sommes bien loin des revendications syndicales qui exigent la mise en place d’un vaste plan de recrutement, seul garant d’un système valide et pérenne. D’ailleurs, la candidate LR annonçait durant la primaire LR être favorable à la suppression de 200 000 fonctionnaires.
Sans surprise, le programme LR est particulièrement réactionnaire au niveau des questions éducatives. Comme à chaque élection, LR réaffirme sa volonté d’utiliser le récit national comme référence et ligne du programme d’histoire. L’exacerbation du nationalisme, en ces temps troubles ne peut qu’inquiéter.
Sur les questions de programmes, même son de cloche chez les candidat·es d’extrême-droite. La question scolaire est abordée systématiquement sous le prisme des valeurs. Chez Zemmour, on ajoute même une volonté affichée de la mise en place d’un enseignement élitiste avec le retour des classes de niveaux puis de rendre plus sélectif l’examen du baccalauréat. On retrouve ainsi la vieille marotte de la droite réactionnaire de bloquer l’accès aux universités à un grand nombre d’élèves, souvent issus des classes populaires. Chez la candidate RN, le vernis social affiché, comme pour toutes les élections depuis 2012, craquelle vite derrière les discours passéistes sur l’excellence et l’ambition de mettre en place un uniforme scolaire, inédit en France.
Chez les candidat·es qui s’affichent à gauche (EELV, LFI, LO, NPA, PCF et PS) les propositions sont beaucoup plus positives pour les enseignant·es. Cependant, on peut parfois redouter de simples effets d’annonce et promesses électorales sans lendemain, chez certain·es candidat·es.
Globalement, nous retrouvons chez l’ensemble de ces candidat·es la volonté de préserver notre statut et de revoir l’échelle de rémunération des enseignant·es, même si cela n’est pas toujours chiffré. La volonté de recrutement revient régulièrement au sein des programmes de ces candidat·es, avec des ordres de grandeur différents quand ils sont affichés.
Au niveau du lycée professionnel, Jadot, Mélenchon Poutou et Roussel expriment clairement leur volonté de rehausser le niveau de formation au sein des établissements professionnels publics. Cela passe par une politique privilégiant systématiquement la voie initiale à l’apprentissage dans l’objectif de garantir l’émancipation de tou·tes nos élèves.
En dehors des questions éducatives, le tableau ci-dessous reprend les propositions concernant la retraite pour chaque candidat·e :
Arthaud | Dupont-Aignan | Hidalgo | Jadot | Lassalle | Le Pen |
60 ans 2000€/net minimum | 62 ans Retraites indexées sur l’inflation | 62 ans 1200€/net minimum | 62 ans + prise en compte pénibilité | 62 ans Retraites indexées sur l’inflation | Entre 60 et 62 ans selon durée de cotisation |
Macron | Mélenchon | Pécresse | Poutou | Roussel | Zemmour |
65 ans. 1100€/net minimum | 60 ans avec 40 anuités. 1400€/net minimum | 65 ans avec prise en compte de la pénibilité et carrières longues | 60 ans et 55 ans pour les emplois les plus pénibles. | 60 ans avec 37,5 annuités 1200€/net | 64 ans. Alignement public/privé |
Le SNUEP-FSU Normandie n’a pas vocation à appeler les PLP à voter pour un candidat en particulier, mais à alerter sur les projets qui visent à dégrader encore nos conditions de vie et d’exercice.
Pour retrouver les différentes propositions du SNUEP-FSU sur l’éducation, lire le dossier spécial du J126 du SNUEP-ACTU pages 7 à 10 :
https://snuep.fr/wp-content/uploads/2022/01/SNUEP_N126_def.pdf