Pap Ndiaye, un progrès en trompe l’œil.

L’annonce du nouveau gouvernement, le vendredi 20 mai, comprenait son lot de surprises. La principale étant l’arrivée de Pap Ndiaye rue de Grenelle. Peu connu du grand public mais reconnu dans le milieu universitaire. Sur le papier, il semble représenter l’anti-Blanquer. En effet, alors que J.-M. Blanquer obtenait la sympathie de la droite radicale et de l’extrême droite, le nouveau ministre de l’Éducation nationale s’est tout de suite vu reprocher ses engagements anti-racistes et ses positions hostiles aux violences policières par ce même camp.  
Si nous pouvons nous féliciter de voir que le ministère ne servira probablement plus de passe-plat aux idées réactionnaires, nous devons néanmoins nous méfier de cette nomination. Nommer au ministère un profil d’historien engagé est un magnifique coup de com de la part de E.Macron et E.Borne dans la perspective des élections législatives. Les enseignants sont très hostiles aux différentes réformes qui ont été portées sous le dernier quinquennat et J.-M. Blanquer était au cœur des critiques. Pap Ndiaye, avec une image moins dégradée que peut l’avoir J.-M. Blanquer, aura pour mission de reconquérir l’électorat enseignant.
Pour autant, il est impossible d’accorder un blanc-seing au nouveau ministre. En acceptant de devenir ministre du gouvernement Borne, il accepte de porter le projet délétère de la Macronie vis-à-vis de la voie professionnelle (généralisation de l’apprentissage, attaques sur le statut, suppressions de postes…) et de l’Éducation nationale en général. Par ailleurs, nous avons tous en tête le passage éclair de Nicolas Hulot au sein du ministère de l’environnement ou l’arrivée de Dupont-Moretti comme garde des sceaux. Macron n’est pas avare de ces nominations symboliques. Dans le premier cas, le ministre a eu les mains liées et a fini par démissionner. Dans le second, le ministre s’est plié à l’exercice et a renoncé à ses idéaux pour défendre coûte que coûte la politique gouvernementale.

Pour le chaperonner, Jean-Marc Huart, ex recteur de Nancy-Metz, proche de Jean-Michel Blanquer vient d’être nommé directeur de cabinet. Sa présence sera déterminante pour maintenir le cap fixé par l’Élysée et Matignon. D’ailleurs, dès sa prise de poste, Pap Ndiaye a félicité le bilan de son prédécesseur et il y a fort à craindre qu’il s’inscrive dans la continuité de celui-ci, et c’est ce que Macron attend de lui, quel que soit son profil d’origine.