Il y a un an Samuel Paty mourait, sauvagement assassiné par un individu radicalisé. Il mourait non pas comme un martyr de la République, il n’avait pas décidé de mettre sa vie en péril pour défendre la nation. Non, il y a un an Samuel Paty mourait pour avoir fait son travail.
Il mourait car il croyait aux valeurs de la République et s’efforçait, au quotidien, de les transmettre à ses élèves. Il mourait pour avoir fait son travail comme tant d’enseignants le font tous les jours.
Ces enseignants ne sont pas des combattants acharnés du laïcisme, mais bien les défenseurs au quotidien de la laïcité à la française. Cette laïcité issue de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905 et non de cette vision concordataire bonapartiste voulue par le président Macron avec sa loi sur les séparatismes.
Depuis un an, qu’a fait le ministre Blanquer pour assurer aux enseignants que des faits de ce type ne se reproduisentplus? Qu’a fait le gouvernement Castex pour garantir aux enseignants que la transmission des valeurs de la République ne soit pas synonyme de danger mortel ? Qu’a fait le président Macron pour apaiser la population et permettre une action sereine dans les écoles ?
Rien ! Depuis un an, l’action principale aura consisté à attiser les haines en stigmatisant toujours plus une partie de la population.
Pour toute mesure, nous aurons eu un hommage à Samuel Paty, pour commémorer sa mémoire. Hommage souvent pris à la légère par les chefs d’établissement, voire balayé d’un revers de main. Ce fut le cas dans certains établissements où l’information n’était transmise à l’équipe pédagogique que la veille de la journée d’hommage, parfois le jour même, voire pas du tout ! Ou quand il s’est agi d’une minute de silence avec diffusion sur les hauts parleurs du lycée d’une lettre tronquée de Jean Jaurès lue par le chef d’établissement.
On trouve heureusement des cas où le chef d’établissement aura pris le temps de la concertation avec l’équipe enseignante, pour décider collectivement des actions à mettre en œuvre et de leurs modalités d’application. On retrouve alors le sens du combat quotidien des enseignants, la transmission des valeurs de la République, avec en point d’orgue la laïcité et la liberté d’expression sans lesquelles la vie en société n’est simplement pas possible.
Cet hommage provoque parfois des réactions choquantes chez certains élèves. Salut nazi, ricanements ou autres marques d’irrespect ont été rapportés ici et là. Il soulève des questions parmi les élèves, « Pourquoi une commémoration pour lui et pas pour les autres victimes du terrorisme ? »
L’appropriation par les enseignants dans cette action aura permis que l’hommage à Samuel Paty, ne soit pas un moment d’émotion partagée (ou non) suite à une mort insensée, mais bien le début d’un travail sur la citoyenneté. Les échanges et les réflexions, ainsi amorcés, ne sauraient se limiter à une heure au mois d’octobre chaque année, mais devraient être le fil conducteur du parcours de chacun des élèves tout au long de sa scolarité.