Beaucoup de bruit pour rien! Enfants trans·es mineur·es : Les oublié·es de Blanquer !

Que nous dit cette circulaire du 29 septembre 2021 ? L’école se doit d’accueillir tous les élèves dans leur diversité et de veiller à l’intégration de chacun·e d’elles·eux.

Premier point, l’OMS reconnaît que la non-congruence entre le genre assigné à la naissance et le genre ressenti ne constitue ni un trouble psychiatrique ni une pathologie.Ainsi, cette reconnaissance ne doit en aucune façon être justifiée par un certificat médical voire un diagnostic médical.

Cette circulaire répond à la situation, et donne quelques clés lorsque l’enfant et la famille sont en accord.

En se fondant sur trois principes : Écouter, accompagner, et protéger.

Oui, cela peut se faire avec l’accord des deux parents. Donc dans ce cas, et seulement dans cette configuration précise, la communauté éducative est tenue de substituer le prénom d’usage concernant tous les documents non officiels et internes à l’établissement. De même, il est demandé aux EPLE de mettre en œuvre des solutions pour les espaces d’intimité, si l’intéressé·e en fait la demande. Sont concernés les toilettes, vestiaires, chambres d’internat, le tout, dans la mesure du possible. On imagine aisément que tout ne sera pas simple à mettre en place au regard des bâtis de nos établissements.

Il est aussi demandé d’être vigilant·e et d’être en capacité de répondre aux risques de harcèlement, de violences transphobes, et de repérer si l’enfant trans.e y est confronté·e.

Il est aussi recommandé d’intégrer des actions illustrant la volonté de lutter contre les violences de genre en l’intégrant dans la prévention des violences sexistes et d’homophobie.
Le SNUEP-FSU Normandie peut-il se réjouir de cette circulaire?

Non, nous ne le pouvons pas !

Comme à son habitude dans l’école de la bienveillance on nous laisse croire que l’on fait un grand pas vers plus d’humanité, vers encore plus de bienveillance. Nous pourrions presque être tentés·es d’applaudir…

Ne nous réjouissons pas trop vite ! Avec cette circulaire on enfonce des portes ouvertes et on ouvre les parapluies de protection. La route est longue pour un enfant trans qui va devoir faire son chemin et traverser moult épreuves entre les rendez-vous médicaux, les démarches administratives et tout le processus de transition qui, quel qu’il soit, est lourd, contraignant et pesant sur ses jeunes épaules. Il est donc vrai que l’accompagnement des parents acceptant la dysphorie de genre de leur enfant est essentiel. Il permet au moins que le /la mineur·e trans.e sente épaulé·e, compris·e et surtout soutenu·e par ses proches.

Quid des mineur·es dont les parents ne sont pas au courant ou refusent la dysphorie de genre de leur enfant?

La peur du rejet chez l’enfant est souvent trop grande, la peur de décevoir aussi les nourrit, plus que de raisons parfois. Mais quand cette peur est justifiée, et bien là, la circulaire tant attendue ne résout rien ! Bien au contraire, la seule protection qu’elle accepte de donner aux élèves trans.es c’est le droit au secret du/ de la mineur·e ! Il n’y aura pas de #balancetontrans ! C’est déjà ça ! Le nœud du problème, il est là, quand l’enfant n’est pas en mesure d’être soutenu.e par ses parents.

Alors, notre ministre dans sa grande bienveillance propose de dégainer l’artillerie lourde source de conflit assuré ; possibilité de faire un signalement pour information préoccupante… En quoi cette solution va-t-elle protéger l’enfant trans ? Les services sociaux vont enquêter…Comment dans une telle configuration l’enfant pourra-t-il/elle se sentir protégé·e ? Nous savons que certaines situations familiales extrêmes peuvent engendrer des comportements autodestructeurs allant jusqu’au suicide . Mais ce n’est pas la solution magique !

Donc à l’école il a été décidé que les deux parents doivent être d’accord.

Encore une fois le SNUEP-FSU Normandie ne peut que le dire et le redire : réalité de terrain et cadrage ministériel ne font pas bon ménage.

Combien d’enseignant·es se sont vu confier:  » un seul de mes parents accepte c’est un début, c’est déjà ça. Je suis tout de même soulagé·e et je ne suis pas seul·e. »

Avant cette circulaire en prenant des risques, en se servant d’un grand vide institutionnel , l’humanité de nombre d’enseignant·es pouvait s’exercer et faire en sorte que l’école reste un sanctuaire où l’enfant pouvait se sentir protégé·e sur sa dysphorie de genre. Combien d’enfants retrouvaient le sourire rien qu’à l’énoncé de leur prénom choisi et de leur genre ressenti comme une délivrance, une bouffée d’oxygène dans leur vie en souffrance. Il ne s’agissait aucunement de prosélytisme mais juste que l’enfant se sente compris·e par des adultes, et le but était de peu à peu lui permettre de gagner en confiance et l’aider à faire son coming-out familial.

Terminé, plus question sans l’accord parental.

Qu’allons-nous dire aux élèves trans.es qui oseront nous parler ? Allons-nous devoir refuser de les appeler par le prénom qu’ils souhaitent, quitte à faire souffrir nos élèves?

Comment ne pas craindre qu’un enfant transgenre, se sentant coincé·e entre cette fin de non-recevoir de la part de son établissement scolaire et la peur ou l’impossibilité de faire son coming-out à ses parents, se sente contraint·e à faire son coming-out et que la réponse de sa famille soit un rejet total de sa famille, une mise à la porte ou un acte de violence ? Ou comment ne pas craindre, que se voyant refuser son identité réelle, il/elle ne décide de faire le geste de trop ?

Notre ministre a décidé de cadrer et donc entrave le-la jeune trans dans sa transition scolaire. Le SNUEP-FSU Normandie ne peut que s’insurger qu’à cause de cette circulaire, l’école ne puisse être un sanctuaire où le-la jeune trans.e se sentirait complètement protégé·e. Blanquer a tranché l’autorité parentale avant tout et donc la protection des mineurs.es trans.es ne peut s’y soustraire…

Et pour finir, en ce qui concerne ceux qui nous parlent de lobbying trans s’immisçant dans l’éducation nationale, nous tairons leur nom pour ne pas écorcher notre clavier, le SNUEP-FSU Normandie ne répondra qu’une chose, personne sur terre ne souhaite être confronté·e à la dysphorie de genre. Comment un cerveau sain d’esprit peut-il s’imaginer que l’on choisit d’être trans.e ? On ne choisit pas, cela s’impose et cela prend parfois beaucoup de temps avant de mettre des mots sur les maux. Et c’est en en parlant que nombre d’enfants n’atteindront pas le désespoir d’en finir et ne commettront pas l’irréparable, car c’est trop dur ! Aucune personne trans.e sur Terre ne vous dira un jour que ce fut une partie de plaisir ! Enfin soyons sérieux·ses ! Alors oui le SNUEP-FSU Normandie le crie et l’écrit haut et fort! On ne choisit pas, cela s’impose à soi…On ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec ce qu’ont traversé nombres d’homosexuel-les il y a quelques années et encore aujourd’hui malheureusement…Les mêmes inepties sortent de certaines bouches acerbes et acides ! Non, on ne choisit pas plus d’être trans.e que d’être homosexuel·le, petit·e, grand·e, on l’est, fin de l’histoire !

Pour le SNUEP FSU Normandie, Laurence DESMARETZ, Référente académique contre contre les violences sexuelles sexistes.